lundi 1 décembre 2008

Còr d'aucelon

(Parus major)


La garriga es dintrada dins son sòm d’ivèrn… dins lo silenci o gaireben. Demòra lo cruissiment dels passes sus la barbasta, e, de còps que i a, lo buf del vent o la crida teuna d’un d’aqueles aucelons que compreni pas cossí passan las frejas… sonqu’un còr menudet dins una punhada de plumas… me remembran totjorn un poèma aprés benlèu al collègi e que m’a pregondament marcada.
Cal dire qu’èra de Boris Vian :

S’il y avait un oiseau et une locomotive…


Elle serait là, si lourde
Avec son ventre de fer
Et ses volants de laiton
Ses tubes d'eau et de fièvre
Elle courrait sur ses rails
Comme la mort à la guerre
Comme l'ombre dans les yeux
Il y a tant de travail
Tant et tant de coups de lime
Tant de peine et de douleurs
Tant de colère et d'ardeur
Et il y a tant d'années
Tant de visions entassées
De volonté ramassée
De blessures et d'orgueils
Métal arraché au sol
Martyrisé par la flamme
Plié, tourmenté, crevé
Tordu en forme de rêve
Il y a la sueur des âges
Enfermée dans cette cage
Dix et cent mille ans d'attente
Et de gaucherie vaincue
S'il restait
Un oiseau
Et une locomotive
Et moi seul dans le désert
Avec l'oiseau et le chose
Et si l'on disait choisis
Que ferais-je, que ferais-je
Il aurait un bec menu
Comme il sied aux conirostres
Deux boutons brillants aux yeux
Un petit ventre dodu
Je le tiendrais dans ma main
Et son cœur battrait si vite...
Tout autour, la fin du monde
En deux cent douze épisodes
Il aurait des plumes grises
Un peu de rouille au bréchet
Et ses fines pattes sèches
Aiguilles gainées de peau
Allons, que garderez vous
Car il faut que tout périsse
Mais pour vos loyaux services
On vous laisse conserver
Un unique échantillon
Comotive ou zoizillon
Tout reprendre à son début
Tous ces lourds secrets perdus
Toute science abattue
Si je laisse la machine
Mais ses plumes sont si fines
Et son cœur battrait si vite
Que je garderais l'oiseau.


Boris Vian




3 commentaires:

Pascal a dit…

Boris Vian…
Boris Vian et ses comotive ou zoizillon. Que la langue française est belle…

Boris Vian… Pour moi aussi, c'est une de ses œuvres qui me ramène aux années du collège. Avec "Le déserteur", j'avais alors acquis ma meilleure note en chant. Ma meilleure note de l'année. De toute ma scolarité, certainement ! Alors Boris Vian…

Ah ! que la langue française est belle…

Sylvie Berger a dit…

Es polida, òc, mas pas mai que la lenga nòstra, provocaire !

estève a dit…

Aquel Cavalhièr tiba un pauc... es un jogaire non ??

Amistats.